Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/300

Cette page n’a pas encore été corrigée

Les Francs empruntèrent encore aux infidèles nombre de coutumes relatives à la tenue et à l’hygiène du corps. Se raser passait au XIIe siècle pour un trait caractéristique des Occidentaux, tandis que l’Oriental y voyait une honte et en faisait le châtiment des poltrons. On voit, dans les chroniques de terre sainte, des mahométans se raser la barbe pour avoir l’air de chrétiens ; c’était de leur part une ruse de guerre. Même dans les miniatures du XIIIe siècle, les musulmans sont reconnaissables à leurs belles barbes, les chrétiens à leurs faces glabres. Cependant le port de la barbe se répandit peu à peu, d’abord parmi les pèlerins, puis parmi les Francs de Syrie, puis en Europe. Les ablutions et les bains de vapeur devinrent aussi plus fréquents, chez les Francs, par suite des exigences du climat asiatique et de la contagion de l’exemple.

Les chevaliers d’Occident eurent beaucoup à apprendre des Sarrasins en ce qui touche l’équipement militaire : les tentes, les hastes en roseau ornées de banderolles, et les fers de lance damasquinés, le léger bouclier à main appelé targe ou rondache (arabe, al-daraka), le hoqueton, déjà nommé, qui était un justaucorps de dessous, rembourré de ouate de coton, les pigeons voyageurs, l’arbalète. Encore en 1097, les Croisés ne connaissaient pas l’arbalète et s’enfuyaient devant les Turcs qui en étaient armés, tandis que, déjà au deuxième concile de Latran (1139), ceux qui employaient cette arme contre des chrétiens étaient menacés d’excommunication. L’arbalète ne fut employée par les chrétiens au XIIe siècle qu’en Palestine, dans les combats contre les infidèles, à qui on l’avait empruntée. Les ingénieurs francs s’instruisirent aussi infiniment à l’école de l’Orient en mécanique, en balistique, en pyrotechnie et dans la science des fortifications.

La civilisation du moyen âge doit en outre aux Croisades une institution célèbre, celle des armoiries héraldiques. Si, avant les Croisades, les chevaliers avaient déjà l’habitude de faire peindre des ornements sur leurs boucliers, on ne se transmettait pas, comme on le fit depuis, ces ornements de génération en génération. Le système des armoiries régulières et héréditaires naquit en Orient. Les couleurs, en blason, portent des noms arabes (azur,