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I. — LA VILLE DE ROME AU MOYEN ÂGE


« On rapporte, dit Sozomène, dans le neuvième livre de son Histoire ecclésiastique, que lorsque Alaric se dirigeait à marches forcées sur Rome, un saint moine d’Italie l’exhorta à épargner la cité et à ne pas être la cause d’aussi horribles calamités. Mais Alaric répondit : « Ce n’est pas en vertu de ma propre volonté que j’agis ainsi ; il y a quelqu’un qui me pousse et qui ne me laisse aucun repos, et qui m’a ordonné de détruire Rome. »

Vers la fin du Xe siècle, le Bohémien Woitech, célèbre plus tard dans la légende sous le nom de saint Adalbert, quitta son évêché de Prague pour voyager en Italie et se fixa dans le monastère romain de Sant’Alessio. Au bout de quelques années passées dans cette solitude religieuse, il fut invité à venir reprendre les devoirs de son siège et s’y consacra de nouveau au milieu de ses compatriotes à demi sauvages. Bientôt, cependant, son ancien désir se réveilla en lui ; il regagna sa cellule sur les hauteurs de l’Aventin, et là, errant parmi les vieilles reliques et se chargeant des plus humbles occupations du couvent, il vécut heureux quelque temps. A la fin, les reproches de son métropolitain, l’archevêque de Mayence, et les commandements exprès du pape Grégoire V le contraignirent à repasser les Alpes et il se joignit à la suite d’Otton III, se lamentant, dit son biographe, de ce qu’il ne lui fût plus permis désormais de jouir de sa douce quiétude au sein de la mère des martyrs, de la demeure des Apôtres, de la Rome enchantée. Au bout de quelques mois, il subissait le martyre chez les Lithuaniens païens de la Baltique.

Environ quatre cents ans plus tard et neuf cents ans après Alaric, François Pétrarque écrit en ces termes à son ami Jean Colonna : « Ne penses-tu pas que je souhaite vivement voir cette cité, qui n’a jamais eu et n’aura jamais son égale ; qu’un ennemi même a appelée une cité de rois ; sur la population de laquelle il a été écrit : « Grande est la valeur du peuple romain, grand