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du Xe siècle, finit par devenir si universelle que, dans un acte de 1190, un vassal puissant stipule qu’il en sera affranchi.

A l’époque féodale, les guerres privées furent continuelles et les forteresses prirent rapidement une grande importance. Simples châteaux de bois plus ou moins fortifiés au Xe siècle, elles sont de briques ou de pierre au XIIe[1]. Aussi les suzerains essayèrent-ils d’entraver ces constructions qui permettaient à leurs vassaux de leur résister avec succès. Peu à peu s’introduisit dans les actes d’hommage une clause portant défense aux vassaux d’augmenter les anciennes forteresses ou d’en construire de nouvelles. En 1128, le comte d’Ampurias ayant fait creuser de nouveaux fossés et élever de nouvelles murailles, le comte de Barcelone le force à remettre le château dans son premier état. En 1146, à Barcelone, malgré la défense du comte, un de ses vassaux a construit une forteresse ; le suzerain prend conseil de ses prud’hommes, et ceux-ci le décident à concéder le nouveau château en alleu à ses constructeurs, en ne se réservant que le droit d’en user en temps de guerre envers et contre tous. A cause du malheur des temps, la plupart des monastères durent demander à leurs suzerains, pendant le XIIe siècle, des permissions analogues : c’était le seul moyen d’assurer à leurs hommes un peu de sécurité ; ils ne les obtinrent parfois qu’à prix d’argent.

Outre le service d’ost et de chevauchée, nous trouvons encore,

  1. [Le château féodal du Xe siècle, dit M. Viollet-le-Duc, consistait en une enceinte de palissades entourée de fossés ou d’une escarpe de terre. Au milieu de l’enceinte s’élevait un tertre factice ou motte, sur lequel on bâtissait une maison carrée, en bois, à trois ou quatre étages, ce qui fut plus tard le donjon. Pour protéger ce donjon primitif contre les projectiles incendiaires, on étendait sur la plateforme et sur les murs extérieurs des peaux de bêtes récemment écorchées. Les palissades de défense avancée s’appelaient haies quand elles étaient formées de haies vives, plessis (plexitium) quand elles étaient formées de fascines de branchages entrelacés, fertés (firmitates) quand c’étaient des enceintes en planches avec des tourelles de distance en distance. Il existe encore dans le centre de la France, et surtout dans l’Ouest, des traces de ces châteaux primitifs. Les châteaux de Langeais, de Beaugency et de Loches sont du XIe siècle. Tout autrement formidables sont les châteaux du XIIe siècle, tout en pierres de taille, véritables camps retranchés, avec leur double enceinte de murailles crénelées, leurs donjons et leurs bailles. — Voyez ci-dessous la description du château du Krak des Chevaliers.]