Page:Langlois - Histoire du moyen âge, 1901.djvu/221

Cette page n’a pas encore été corrigée

quarante jours de service du Nord de la France. Nombre de textes prouvent que dans cette province les vassaux restèrent à la discrétion du seigneur, qui put les convoquer aussi souvent, pour un temps aussi long qu’il le voulut. — Ce service, en apparence si rigoureux, admit pourtant, en pratique, de notables adoucissements. La plupart des villes s’en firent exempter. Un savant de nos jours a même pu dire qu’au XIIIe siècle beaucoup de fiefs du Languedoc ne le devaient plus, parce qu’il était tombé peu à peu en désuétude ; c’est ce qui expliquerait en partie la faiblesse et l’inexpérience des armées méridionales pendant la guerre des Albigeois et la honteuse défaite de Muret.

[Illustration : « Château du Xe siècle, sur sa motte, avec enceinte en palissades de bois. » D’après l’Abécédaire d’archéologie de H. de Caumont, Architecture militaire, p. 393.]

Au service militaire proprement dit se rattache une obligation qui incombe à tout possesseur de forteresse. En principe, tout château est rendable à merci, c’est-à-dire qu’à la première réquisition du suzerain, « irrité ou apaisé » (iratus vel pacatus), le vassal doit lui remettre sa forteresse. Cette demande du seigneur peut avoir deux motifs : tantôt il l’exige à titre de simple reconnaissance de sa suzeraineté (recognitio dominii), tantôt par défiance à l’égard du vassal. C’est cette alternative que les actes expriment brièvement par la clause iratus vel pacatus. — Cette obligation du château rendable à merci, qui paraît dès le milieu