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III. — LA FÉODALITÉ EN LANGUEDOC.


La transformation du bénéfice viager en fief irrévocable s’opéra, dans le Midi, de l’an 900 à l’an 950 ; passé cette date, la féodalité est constituée.

En Languedoc, bien des ennemis attaquèrent de bonne heure le régime féodal : le droit germanique, origine principale de ce régime, est dès le XIe siècle battu en brèche par le droit romain, droit coutumier des anciens habitants du pays depuis près de mille ans ; l’Église, qui a dû entrer dans ce cadre étroit de terres et de personnes superposées, finit par en échapper et se constitue une existence indépendante ; enfin, à partir du XIIe siècle, les bourgeois des villes, enrichis par le commerce et par l’industrie, réclament des libertés et fondent au milieu des seigneuries de véritables républiques. Ajoutons encore la royauté qui, toute-puissante dans le Midi dès la fin du XIIIe siècle, transforma rapidement ce régime décrépit.

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On reconnaît généralement dans le nord de la France deux espèces de propriétés féodales : le fief et la censive, l’un ne devant que des services honorables, l’autre payant un cens en argent et des redevances en nature. Il est difficile d’admettre que cette distinction ait existé dans le Midi, où le fief, dans plus d’un cas, avait à payer des redevances pécuniaires, tandis que les censitaires n’étaient point exempts, aussi généralement qu’on le suppose, du service militaire ; les bourgeois, les vilains eux-mêmes y étaient astreints ; et dans les villes neuves de la Marche d’Espagne, le suzerain se réservait spécialement l’ostis et la cavalcata sur tous les habitants des nouveaux