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Que Nârada renaisse de vous et d’une de mes filles. » Brahmâ y consentit, et l’une des filles de Dakcha lui fut donnée. De cette union naquit le Richi Nârada, qui échappa de cette manière à la malédiction de Dakcha.

Djanamédjaya dit :

Comment le Maharchi Nârada fut-il cause de la mort des enfants de ce patriarche ? Sage Brahmane, instruis-moi de la vérité.

Vêsampâyana reprit :

Les Haryaswas[1], enfants de Dakcha, témoignaient l’envie de croître et de s’étendre. Un jour que cette famille forte et courageuse était rassemblée, Nârada leur dit : « Enfants que vous êtes, vous ne connaissez donc pas l’immensité de cette terre ? Vous voulez propager votre race, petits-fils des Pratchétas. Sur la terre, au-dessus, au-dessous, comme vous pourriez satisfaire vos désirs ! » Après avoir entendu ces mots, les malheureux s’éloignèrent de tous côtés : mais l’air seul ne pouvait les nourrir. Ils succombèrent, du moins ils ne sont pas revenus ; ils ont été reçus dans l’espace comme les fleuves dans la mer.

Après la mort des Haryaswas, Dakcha, fils des Pratchétas, eut encore de la fille de Vîrana mille enfants, qui se nommèrent Sabalâswas. Nârada les engagea à se mettre à la recherche de leurs frères. Les Sabalâswas se dirent tous mutuellement : « Le grand Mouni a raison, il faut voir ce que sont devenus nos frères. Plus d’hésitation : c’est en connaissant l’étendue de la terre

  1. Fr. Hamilton (Généalogies of the Hîndus] pense que les Haryaswas, comme leurs frères les Sabalâswas, furent des ordres de moines institués par Dakcha. Il me semble qu’il est un moyen plus naturel d’expliquer cette histoire. Le devoir pieux que voulaient remplir les Haryaswas n’était pas une obligation religieuse de célibataires dévots, mais l’obligation, tout aussi sainte, d’hommes appelés à propager leur espèce, et qui se trouvant trop resserrés sur un point, s’aventurent dans des contrées, d’où ils ne reviennent pasG>Comme tout ce chapitre est une allégorie astronomique, on pourrait y voir la création de ces étoiles fixes, dont le nombre est infini : le mot hari signifie jaune, doré, rayon de lumière, le mot sabala signifie varié, et tous deux peuvent s’appliquer aux étoiles que le poëte considérerait comme des coursiers (aswa) lancés dans les plaines de l’air. Mais j’aime mieux la première explication. Au reste, on serait aussi peu fondé à voir de l’histoire dans tous les détails de ce chapitre qu’à en chercher dans les aventures de Cœlus et de Tellus.