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la maison d’Yadou. Ils formèrent quatre familles, sur lesquelles je vais te donner des détails.

Bbadjamâna eut deux femmes du nom de Srindjayâ, qui avaient le rang, l’une de première, l’autre de seconde épouse[1]. Elles lui donnèrent plusieurs enfants : de la première naquirent Crimi, Cramana, Dhridhta, Soûra et Pourandjaya ; et de la seconde, Ayoutâdjit, Sahasrâdjit, Satadjit et Dâsaca.

Le roi Dévâvridha fit des sacrifices et embrassa les rigueurs de la pénitence pour obtenir un fils doué de toutes les vertus. Plongé dans ses pensées pieuses, il faisait des libations de l’eau de la Parnâsâ[2]. En le voyant occupé de cette œuvre religieuse, la nymphe de la rivière conçut pour ce prince un tendre sentiment. Pensant au moyen de combler les vœux de Dévâvridha, elle se dit à elle-même : « Il n’a pas encore vu la femme qui doit lui donner un fils tel qu’il le souhaite. Il faut que je prenne une forme humaine et que je devienne son épouse. » Elle dit, et en même temps elle apparut sous l’extérieur d’une vierge brillante de beauté. Elle fixa le choix du prince et devint reine. Noble et généreuse princesse, elle conçut et mit au monde, au bout de dix mois, un fils plein de force et de vertu, qui s’appela Babhrou, et qui fut l’honneur de sa race, comme le disent les hommes instruits dans les Pourânas ; car en célébrant les qualités du grand Dévâvridha, ils s’écrient : « Admirables tous deux et de loin et de près, Babhrou s’éleva au premier rang parmi les mortels, et Dévâvridha s’égala aux dieux. » Sous les coups de Babhrou, successeur de Dévâvridha, soixante et treize mille[3] héros perdirent la vie. Ce fut un prince aimant la pompe des sacrifices, généreux, prudent, attaché à la science sacrée, ferme dans les combats, habile à conduire un char de guerre, glorieux et puissant parmi les descendants de

  1. Le texte porte les deux mots वाह्यका et उपवाह्यका, que j’ai cru pouvoir rendre par l’idée qu’exprime ma traduction. Le verbe वह्य a le même sens que le mot latin ducere ; et de ce verbe on dérive वधू qui veut dire femme, et उाटा, qui signifie épousée. Je ne crois pas que ces deux mots se trouvent dans les lois de Manou.
  2. Wilford (Rech. asiat. t. xiv, p. 396) dit que Parnâsâ est un nom de la Tâmasâ, rivière qui se jette dans le Gange, au-dessus de la ville de Mirzapour.
  3. Je crois n’avoir point ici commis d’erreur dans mon addition. En général la manière d’énoncer les nombres sanscrits est assez obscure ; voici le vers tout entier : षषृिश्च षद् च · पुरुषाः सहस्त्राणि च सप्त च​, mot à mot sexagintaque sexque heroes milliaque septemque.