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leurs discours, tous exercés au métier des armes, courageux et guerriers expérimentés. Matinâra eut aussi une fille nommée Gôrî qui fut la mère de Mândhâtri[1].

Le fils de Pratiratha se nomma Canwa. Il régna, et eut pour fils Médhâtithi, saint Dwidja[2] qui est aussi appelé Cânwa. Ô Djanamédjaya, Médhâtithi donna le jour à une fille habile dans la science de Brahma ; elle se nommait Ilâ. Elle fut l’honneur de son sexe, et devint l’épouse de Tansou.

Tansou eut pour fils Sourodha, roi pieux et illustre, qu’on nomme aussi Dharmanétra[3] (œil de la justice). Celui-ci fut invincible et habile dans la science des saints. Il eut pour épouse Oupadânavî[4], qui le rendit père de quatre fils, Douchmanta[5], Souchmanta[6], Pravîra et Anagha.

Douchmanta donna le jour au vaillant Bharata, qui eut la force de dix mille éléphants[7], et fut surnommé Sarwadamana[8]. C’est à ce grand roi Bharata, fils du magnanime Douchmanta et de Sacountalâ, que tu dois, ô prince, ton surnom de Bhârata[9].

  1. Ce prince est celui qu’on a surnommé Yôvanâswa, c’est-à-dire fils d’Youvanâswa, et dont il a été question lect. xii, p. 61. Ce passage renferme un synchronisme précieux pour l’histoire des deux races des rois indiens ; synchronisme observé dans les tables de Jones et de Bentley, mais non dans celle de Wilford.
  2. Canwa était Kchatriva : ainsi le mot dwidja ne peut signifier un Brahmane, quoique Médhâtithi soit regardé comme un Mouni. Dans le drame de Sacountalâ, le solitaire, à qui se trouve confiée cette princesse, se nomme aussi Canwa. Mais je ne pense pas que ce puisse être ce personnage, quoique ce fût alors un usage, pour les rois, de se retirer dans les bois, et de s’y livrer aux exercices de la piété.
  3. Ailleurs il est appelé Dharmamitra.
  4. Ce passage prouve que les rois indiens, malgré leur piété, ne se faisaient point un scrupule de s’allier aux familles étrangères qui peut-être professaient d’autres sentiments religieux. Car Oupadânavî, comme nous l’avons vu, iiie lect, était fille du Dânava Vrichaparwan. Fr. Hamilton appelle son époux Soughora au lieu de Sourodha.
  5. Le manuscrit bengali porte Douchmanta, et les autres Douchyanta, qui est, à ce qu’il parait, la leçon la plus usitée ; car, sur ce même manuscrit, par surcharge, on a écrit Douchyanta. Dans le drame de Sacountalâ, on lit Douchmanta.
  6. On peut lire également Souchyanta.
  7. Le texte peut se prêter à un autre sens : « qui eut une armée de dix mille éléphants. » नागायुतवलः nâgâyoutavalah.
  8. Voy. au septième acte du drame de Sacountalâ, la scène où le jeune Sarwadamana joue avec un lion. Je saisis cette occasion pour recommander à mes lecteurs la traduction de ce drame, qu’a donnée quelque temps avant sa mort mon savant maître, M. de Chézy, traduction qu’un de ses confrères à l’Académie a si justement appelée le chant du cygne.
  9. Le manuscrit dévanâgari de Paris contient ici cinq vers empruntés (lect. vi, sl. 107) à l’épisode du Mahâbhârata où est racontée l’histoire de Sacountalâ, épisode qui se trouve à la suite de la belle édition du drame dont je viens de parler. Ces cinq vers donnent l’étymologie