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Les Dévas et les Dânavas, contents de la réponse du dieu qui leur montrait la victoire dans l’assistance de Radji, se rendirent auprès de lui, pour gagner l’amitié de ce roi puissant, petit-fils de Swarbhânou[1] par Prabhâ sa fille, et descendant de Soma. Ils lui dirent avec empressement : « Charge-toi de nous donner la victoire. » Radji, en prince habile et prudent, déclara aux Dévas et aux Dêtyas quelles étaient les conditions et les honneurs qu’il exigeait. « Vous, leur dit-il, qui suivez les drapeaux de Vâsava[2], si je consens à vous donner la victoire sur les Dêtyas, je veux avoir le titre d’Indra[3] : c’est à cette condition que je combattrai pour vous. » Les Dévas aussitôt lui répondirent avec joie : « Prince, qu’il soit fait ainsi que vous le désirez. » Radji, après avoir entendu le discours des Asouras, leur fit aussi la même demande. Les Dânavas pleins de présomption, et ne voulant rien céder de leurs droits, répondirent orgueilleusement au grand Radji : « Notre Indra, à nous, c’est Prahlâda : c’est pour lui que nous voulons vaincre. Mais nous pouvons consentir à te regarder comme un autre Indra. » Radji, d’après cette réponse, préféra la condition que lui offraient les Dévas : se fiant à la parole qu’ils lui avaient donnée de le prendre pour Indra après la victoire, il extermina tous les Dânavas que le maître du tonnerre n’avait pu frapper, et, puissant, chargé de dépouilles, il se rendit maître des richesses que ceux-ci avaient enlevées aux Dévas. Alors le roi du Swarga vint avec ses sujets complimenter le vaillant Radji, et lui dit : « Je ne suis plus que le fils de Radji. Ô prince, vous êtes Indra, le chef de tous les êtres ; je le reconnais, et celui qui était votre maître est maintenant votre fils : je soutiendrai ce nom par mes œuvres. » C’était de la part du dieu une flatterie trompeuse. Radji accepta cet hommage avec affection.


    souveraineté. Ce mot est d’une signification bien étendue : il se dit du devoir imposé à chacun par la loi ; et comme cette loi est divine, le devoir devient religieux. Le devoir des rois est la justice ; mais comme un roi juste ne peut l’être que par esprit de piété, il en résulte que dharma s’entend pour le mérite moral et religieux, et même pour l’acte par lequel on prouve son obéissance à la loi sacrée. Je n’ai pas cru devoir m’astreindre à rendre ce mot d’une manière uniforme, et je l’ai traduit par piété, justice, vertu, attachement aux lois, ne cherchant qu’à varier mon expression.

  1. Swarbhânou (voyez iiie lecture) était Dânava. Ainsi Radji tenait par sa mère à la race des Dânavas, et par son père, descendant de Soma, à la race des Dévas.
  2. Nom du dieu Indra.
  3. Le mot Indra, dans sa signification générale, veut dire roi ; dans sa signification spéciale, il s’applique au roi des Dévas, dont le règne est de cent années divines.