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Tels sont les traits les plus saillants que nous présente en abrégé le Harivansa, et que d’autres livres racontent plus longuement. On ne saurait disconvenir que ce ne soient là les éléments d’une histoire sérieuse et véritable. Je ne crois même pas qu’aucune nation puisse se vanter d’en avoir une plus ancienne, puisque les événements consignés dans le Harivansa sont presque tous antérieurs à l’époque d’Youdhichthira, que divers calculs et documents, insérés en différents endroits des Recherches asiatiques, nous permettent de placer hardiment 1000 à 1200 ans avant J. C. Même au milieu des fables qui obscurcissent souvent ces antiques récits, il y a dans la narration un tel ton de candeur, dans l’exposition des généalogies une telle précision de détails, qu’il est bien difficile de se résoudre à fermer entièrement cette mine précieuse, et à rejeter un métal aussi riche, parce qu’il se trouve mêlé à un alliage poétique qui souvent en diminue le prix.

Je sais bien qu’il existera toujours contre cette histoire un motif de défiance, parce qu’elle ne possède aucune garantie de sa véracité fournie par nos écrivains d’Occident. Étrange condition de l’Inde ! tout indique qu’elle a été riche, et par conséquent civilisée de bonne heure. De temps immémorial, les sages, les marchands et les conquérants ont dirigé leurs pas vers cette contrée qui remuait tant de passions diverses : ils en ont rapporté, les uns des systèmes de philosophie, les autres de riches trésors, et les derniers quelques lauriers achetés chèrement. Aucun d’eux n’a daigné nous transmettre des détails authentiques sur un pays dont ils convoitaient la sagesse ou l’opulence. Seulement près de trois cents ans avant notre ère, Mégasthène, envoyé dans l’Inde par Séleucus, avait composé un ouvrage qu’Arrien et Diodore de Sicile[1] ont évidemment consulté tous deux, mais dont ils n’ont pu tirer que de faibles renseignements, car ils ne nous ont

  1. Voyez Diodore de Sicile, i et ii ; Arrien, de reb. Ind. ; Strabon, xvi ; Pline, vi.