Page:Langlois - Harivansa ou histoire de la famille de Hari, tome 1.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par le combat qu’il faut commencer. Nous te recommandons d’abord les moyens de conciliation, de séduction même ; cherche ensuite à diviser tes ennemis[1]. C’est alors que, purifié de toute souillure, tu pourras invoquer les dieux, faire ton sacrifice au feu, demander la bénédiction des Brahmânes[2], et les honorer par tes hommages. C’est alors que, de leur aveu, tu marcheras à la victoire. Mais, avant la cérémonie de ta purification, ne va pas engager le combat, et croiser tes armes avec celles de ton ennemi. Tel est l’avis des vieillards. Quand les trois moyens légaux auront été provisoirement employés, alors tu iras à l’ennemi, et il succombera sous tes coups, comme a succombé Sambara sous les coups d’Indra[3]. » Il faut écouter le conseil des sages et des vieillards : leur voix calma un instant mon courroux. Toutes les cérémonies furent faites par ces hommes instruits dans nos saints livres, et alors il me fut permis d’exécuter ma résolution.On essaya d’abord des moyens de conciliation et des autres conseillés par les sages. Mon imprudent ennemi ne voulut rien écouter. Le tchacra de l’impie, que le désir de l’épouse d’un autre lui avait fait lever, était toujours dans sa main : il persista dans son égarement, et périt, victime de ses propres œuvres, et blâmé par les hommes de bien. Pour moi, lavé de ma souillure, armé de mes flèches et de mon arc, monté sur mon char, je sortis de ma ville, et béni par les Brahmanes, j’allai combattre mon ennemi. Les deux armées furent bientôt en présence : pendant trois jours elles se livrèrent un combat furieux, pareil à ceux que se livrent les Dévas et les Asouras. Ougrâyoudha, frappé par mon tchacra brûlant aux premiers rangs de son armée, tomba par terre et mourut du moins en héros.

C’est alors, ô roi fils de Courou, que Prichata vint à Câmpilya, après la mort du chef de la maison des Nîpas et d’Ougrâyoudha. Au royaume de ses pères, cet illustre prince ajouta celui d’Ahitchhatra[4]. Il se laissa diriger par mes conseils, et fut le père de Droupada. Celui-ci, devenu roi, osa insulter Drona : aussitôt il fut attaqué et vaincu par Ardjouna, qui fit don à Drona

  1. Ce précepte est dans les lois de Manou, lect. vii, sl. 198.
  2. C’est la cérémonie appelée swastivâtchana, dans laquelle les Brahmanes invoquent les dieux en répandant à terre du riz bouilli.
  3. C’est à Pradyoumna, fils de Crichna, que cet exploit est ordinairement attribué. Mais l’auteur a peut-être voulu éviter un anachronisme. Le dieu Indra est de tout temps, et pu combattre le Détya Sambara.
  4. C’est l’Adisathus de Ptolémée, qui correspond au pays de Barranagpour.