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ses enfants se séparèrent de lui. Ayant gagné les confins du pays des Bactriens, il y séjourna, dit-on, quelques jours ; mais un de ses fils s’y fixa, car les contrées de l’Orient appellent Sim, Zerouant, et son pays Zarouant, jusqu’à présent. Cependant souvent, très souvent, les anciens descendants d’Aram redisent ces traditions populaires au son du pampirn dans leurs ballades et leurs danses. » Que ces traditions soient vraies ou fausses, peu importe ; mais pour t’instruire de tout ce qui se trouve dans la tradition et les livres, je rassemble tout dans cet ouvrage, afin que tu apprécies pleinement la sincérité de mon dévouement envers toi.

Ch. VII.

Démontrer brièvement que l’homme du nom de Bel [mentionné] par les écrivains profanes est bien le Nemrod des divines Écritures.

On raconte de Bel, sous qui vivait notre ancêtre Haïg, beaucoup d’histoires différentes ; mais je dis que celui qu’on appelle Chronos et Bel est bien Nemrod. Ainsi les Égyptiens s’accordent avec Moïse en dénombrant Héphaïstos, le Soleil, Chronos, c’est-à-dire Chant, Chus et Nemrod ; en négligeant Mesdraïm, car ils disent qu’Héphaïstos fut leur premier homme et l’inventeur du feu.

Pourquoi inventeur du feu, et pourquoi dit-on que Prométhée déroba le feu aux dieux pour le livrer aux hommes ? C’est une allégorie que le plan de notre histoire n’autorise pas à rapporter ici.

L’ordre des dynasties égyptiennes, toute la succession, en remontant de la dynastie des Pasteurs jusqu’à Héphaïstos, témoigne surabondamment du rapport avec la dynastie des Hébreux, en la faisant remonter depuis l’époque de Joseph jusqu’à Sem, Guam et Japhet.

Assez sur ce sujet ; car si nous voulions te faire connaître l’histoire de tout ce qui s’est passé depuis la construction de la tour jusqu’à nous, quand poumons-nous arriver à notre propre histoire, objet de tes désirs, attendu la longueur du travail et la limite courte et incertaine de la vie de l’homme ? C’est pourquoi je commencerai par te faire connaître d’où et comment notre histoire est tirée.

Ch. VIII.

Qui a trouvé ces récits, et d’où ils sont tirés.

Arsace (Arschak), grand roi des Perses et des Parthes, de nation parthe, ayant secoué, dit-on, le joug des Macédoniens, établi sa puissance sur tout l’Orient et l’Assyrie, tué Antiochus roi de Ninive, et soumis à son autorité tout l’univers, met son frère Valarsace (Vagharschag) sur le trône d’Arménie, croyant rendre son propre empire inébranlable. Il donne à Valarsace, Medzpin (Nisibe) pour capitale, une partie de la Syrie occidentale, la Palestine, l’Asie, toute la partie méditerranéenne et la Thétahie (Thidahia), la mer de Pont, jusqu’à l’endroit où le Caucase aboutit à la mer occidentale, en outre l’Adherbadagan (Adherbeidjan) et un autre pays « aussi étendu, dit-il à Valarsace, que tes pensées et ta valeur te le feront concevoir ; car ce qui trace des limites à l’empire des forts, ce sont leurs armes, et plus elles acquièrent de territoires, plus ils en possèdent. »

Varlarsace (Vagharschak) ayant disposé et réglé d’une manière grande et digne toutes les parties de sa puissance, et organisé son empire, voulut savoir quels étaient les princes qui, jusqu’à lui, avaient régné sur le



(1) Rapprochez tout ce que Moïse de Khorène dit ici des détails de la généalogie d'Arphaxad consignés aux ch. X et XI de la Genèse. Le nom de fzéronk n’est pas sans analogie avec celui de Phaleg qui, en hébreu, a également le sens de « dispersion. Cf. Tuch, Kom- mentar über die Genesis, p. 257. Knobel, die Væl- kertafel der Genesis. p. 169. Renan, Hist. des lang. semit., p. 30 de la 3e édition. (2) Zarouant ou Zarevant est un des cantons de la Persarménie, province qui fut souvent placée sous la domination des Perses. On suppose que c'est la même province qui est appelée Zoaranda ou Zoroanda par Pline (Hist. nat., liv. VI, ch. 27). (3) Manéthon, dans Syncelle, p. 18 C, et 51 B, qui a lui-même emprunté les renseignements qu'il donne, à la Chronique d'Eusèbe (éd. Aucher, t. I, p. 200.). - Ch. Müller, Frag. hist. græc., t. II, p. 530 et354. (1) Arsace V Mithridate I, cinquième successeur du fondateur de la dynastie des Arsacides de Perse, régna de l'an 173 à l'an 137 avant notre ère. Cf. Saint- Martin, Fragm. d'une hist. des Arsacides, t. I, p. 330 et suiv. (2) Procope (de Edificiis, III, 1), qui avait consulté les histoires de l'Arménie, raconte, probablement d’a- près Moïse de Khorène, l'avénement au trône de Vag- harschag en ces termes: Kai Tórs TIC tv tv Iláp00; Ba- othév tov döelpdv tov autou 'Appevious Baoiléa xxrEOTH- Gato Apsaxy voua, wokep Twv 'AppEviwy lotopía Froi. (3) Cf. sur les conquêtes de Mithridate I, et l’établis- sement de Valarsace, son frère, comme roi d’Arménie, les Fragm. d'une hist. des Arsacides de Saint-Martin, t. I, p. 36, 37 et suiv., 364 et 354 suiv. 419 et suiv.