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ne s’y étant pas conformé, il s’enfuit, et ayant été interpellé par Dieu et non par d’autres [par ces mots] : « Où es-tu ? » c’est ainsi qu’il entend l’arrêt de son sort de la bouche de Dieu. Puis Abel, connu et aimé de Dieu, lui offre un sacrifice qui est agréé. Ceux-ci étant ainsi admis dans la connaissance et la confiance de Dieu, pourquoi dire qu’Enos fut le premier à appeler Dieu et qu’il le fit avec espérance ? Quant aux autres considérations touchant Enos, nous remettrons d’en parler dans son lieu, c’est-à-dire que nous dirons ce qui convient.

Car, surpris en transgression de l’ordre, le premier homme fut chassé, comme il est dit, du paradis et de la présence de Dieu, à cause de son péché. Puis, celui des fils d’Adam qui était le plus agréable à Dieu, est assassiné par son propre frère. Après quoi il n’y a plus ni parole de Dieu, ni révélation aucune ; le genre humain fut abandonné à l’incertitude, au désespoir, à ses propres instincts et à son caprice. Parmi les hommes, Enos, plein d’espérance et de droiture, appelle Dieu. Or, appeler a un double sens : ou réclamer un bien qu’on a perdu, ou appeler à son secours. Or, un bien que l’on a perdu est déplacé ici, parce qu’il ne s’était pas écoulé un assez grand nombre d’années pour que le nom de Dieu ou Dieu lui-même eût été oublié ; et celui que Dieu avait créé n’était pas encore mort et enseveli. Enos appela donc Dieu à son secours.

Enos, ayant vécu cent quatre-vingt dix ans, engendra Caïnan ; Caïnan, ayant vécu cent soixante-dix ans, engendra Malaléel ; Malaléel, ayant vécu cent soixante-cinq ans, engendra Jared ; Jared, avant vécu cent soixante-deux ans, engendra Enoch ; Enoch, avant vécu cent soixante-cinq ans, engendra Mathusalem ; et après avoir engendré Mathusalem, Enoch, ayant vécu encore deux cents ans d’une vie pure et irréprochable, fut enlevé du milieu des impies, comme le sait Celui qui l’eut pour agréable. La cause de cet événement, nous la dirons plus loin. Mathusalem, ayant vécu cent soixante-sept ans, engendra Lamech ; Lamech, avant vécu cent quatre-vingt-huit ans, engendra un fils auquel il donna le nom de Noé.

De Noé.

Pourquoi désigna-t-il seulement Noé par le nom de fils, tandis que, pour les autres, il se contente de dire il engendra ? « Celui-ci, dit son père dans une prophétie contradictoire, nous fera reposer du travail et de la fatigue de nos mains et [des peines] de la terre que le Seigneur Dieu a maudite » ; ce qui ne fut pas un repos, mais une destruction de tout ce qui était sur la terre. Il me semble que [les mots] faire reposer signifient faire cesser l’impiété et l’iniquité par l’extermination des hommes pervers du second âge. Car il a bien dit : « nous fera reposer de nos œuvres », c’est-à-dire de nos iniquités et de la fatigue de nos mains avec lesquelles nous commettions l’impureté. Il y eut bien repos, selon cette prophétie, non pas pour tous, mais pour les âmes consommées dans la vertu, lorsque les crimes sont lavés et effacés comme par le déluge, ainsi que [le furent] les hommes plongés dans l’iniquité, au temps de Noé. Or, par le nom de fils, l’Écriture a glorifié Noé, en le déclarant agréable, renommé et digne héritier des vertus de ses pères.

CHAPITRE V.

Concordance de la généalogie des trois fils de Noé jusqu’à Abraham, Ninus et Aram. — Ninus n’est point Bel, ni le fils de Bel.

Il est connu de tout le monde que rien n’est plus pénible et moins facile à réunir que [les documents relatifs] au comput des temps, depuis le commencement jusqu’à nous, et principalement [les matériaux] de la filiation patriarcale des trois fils de Noé, si l’on veut poursuivre les recherches de siècle en siècle, attendu que la divine Écriture séparant les siens, son peuple particulier, laissa de côté les autres nations comme des êtres méprisables et indignes d’êtres mentionnés par elle. En commençant, nous parlerons donc de ces peuples, autant que possible, d’après ce que nous avons trouvé de certain dans les histoires anciennes, et, autant qu’il est en nous, sans fausser aucunement les récits.

Quant à toi, lecteur éclairé et studieux, admire l’ordre, la suite constante des trois races jusqu’à Abraham, à Ninus et à Aram, et tu seras étonné.

Sem.

Sem, âgé de trente ans, engendra Arphaxad.

Arphaxad, âgé de cent trente-cinq ans, engendre Caïnan.

Caïnan, âgé de cent vingt ans, engendra Salah.

Salah, âgé de cent trente ans, engendra Héber.

Héber, âgé de cent trente-quatre ans, engendra Phaleg.

Phaleg, âgé de cent trois ans, engendra Réhu.

Réhu, âgé de cent trente ans, engendra Sarug.