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CHAPITRE IX

ANECDOTES SUR LES « BOCHES »


Le prisonnier tombé du ciel.


C’était près de l’Yser, dans une tranchée où commandait un petit sergent qui n’a pas froid aux yeux. L’ordre venait de lui parvenir de se préparer à une attaque de l’adversaire terré à 100 mètres de là.

— Tout le monde est présent ? demande-t-il suivant l’usage.

On se compte rapidement, et, soudain, une voix proclame :

— Sergent, « y » en a un de trop !

— Un de trop ? Quelle est cette plaisanterie ?

On recompte, et chacun, soupçonneux, examine son voisin comme s’il arrivait en droite ligne de la planète Mars.

— Eh bien ? questionne le sergent, impatient.

— C’est c’t’outil-là qu’est de trop ! assure un des combattants en poussant vers le sous-officier un Boche dont l’uniforme absolument couvert de boue n’avait pas, jusqu’alors, attiré l’attention, un Boche venu on ne sait d’où, arrivé on ne sait comment…

— Ya, kamarad ; ya, Boche ; pas capout, protestait l’autre.

Il ne fut pas possible d’en tirer autre chose, car il ne comprenait pas un mot de français.