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CHAPITRE VII

ANECDOTES
SUR NOS TROUPES NOIRES


Comment le tirailleur tunisien Mohamed
fit le sacrifice de ses cheveux et d’une jambe.
[1]


Il y a des gens qui se disent Aïssaouah et qui ne le sont pas plus que vous ni moi. Nous avons vu à Paris, dans les music-halls, de prétendus Aïssaouahs qui mangeaient des morceaux de verre, avalaient des sabres et des scorpions, dansaient sur des charbons ardents, s’enfonçaient des clous dans le corps, se piquaient avec des aiguilles.

Les vrais Aïssaouahs ne se livrent pas à ces exercices par métier mais par conviction.

Le tirailleur tunisien Mohamed est un vrai Aïssaouah.

Chaque semaine, à Kairouan, la ville sainte, il se rendait dans la petite mosquée toute blanche entourée de cactus, et, au son d’une psalmodie singulière, il torturait sa chair pour se mortifier.

Il portait au sommet du crâne la houppe de cheveux par laquelle, après la mort, le prophète doit enlever ses fidèles pour les conduire au paradis. La houppe d’un

  1. Raconté par Jean Aubray dans la Liberté.