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anecdotes italiennes

baldi ! » Au soldat Casali, qui s’élance pour le secourir, il répète : « En avant ! Je ne peux plus marcher. » Et aux volontaires, qui, sous la pluie de projectiles se retournent et veulent aller à lui, il murmure : « J’envoie un baiser à mon père, à ma mère et à tous mes frères. »

À côté de Bruno tombe le soldat Lantini, de la 8e compagnie. Les Allemands lui criaient de loin : « Rendez-vous, Français, vous serez bien avec nous. » Landini répondit : « Merci, je suis Italien !… »

Peppino et Ricciotti Garibaldi, après le combat, étaient ensemble, quand arrive leur plus jeune frère Ezio, qui dit que Constant le suit.

Ricciotti avait déjà appris de son frère Sante que Bruno était blessé, mais il ne le savait pas mort. Quand Peppino Garibaldi apprit la nouvelle de la mort de son frère, il témoigna une douleur indicible : « Pauvre Bruno ! » s’écria-t-il, et pendant longtemps il ne dit plus un mot.

Il ordonna de rechercher le corps, et le lendemain ses frères allèrent à la découverte.

Ricciotti, poussant l’audace à l’extrême, réussit à voir de loin le cadavre, mais ne put l’emporter, empêché qu’il en était par le feu des Allemands.

Le corps de Bruno était étendu à quelques mètres seulement de cette partie de la tranchée ennemie qu’ils n’avaient pu reprendre. Alors Ricciotti décida de creuser un tunnel pour arriver jusque sous le corps. Vers 6 heures du soir, la petite galerie était parvenue sous le cadavre de Bruno. Le lieutenant Pattarino et le caporal Salgemma se chargèrent de le transporter.

Mais quoique ce fut de nuit, à peine avaient-ils essayé de prendre le corps qu’ils furent visés par le feu des Allemands. Toutefois, ils réussirent à le soulever et à l’emporter…

Après l’avoir enseveli, les frères de Bruno transportèrent le cercueil jusqu’au cimetière où est la sépulture des soldats français morts jusque dans les premiers jours de décembre.