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anecdotes pathétiques et plaisantes

ayant revêtu une capote allemande, afin de se faufiler plus aisément dans les lignes ennemies. Avec d’infinies précautions et en rampant le plus souvent, il parvint jusqu’à quelques mètres des tranchées allemandes.

Mais voici qu’une sentinelle, dissimulée derrière un talus, se dresse devant lui subitement et crie : Wer da ! tout en le couchant en joue.

Notre homme est pris alors d’une inspiration géniale. À trois pas de la sentinelle, il lui fait : « Chut ! » mettant son doigt sur la bouche comme pour lui recommander un silence absolu, puis indiquant de la main tendue les positions occupées par les Français.

La sentinelle abaisse son fusil, ne doutant pas une minute qu’elle n’ait affaire à un sous-officier allemand qui part en reconnaissance.

Le courageux Français s’éloigne, puis, par un brusque crochet, revient à côté des tranchées ennemies. De nouveau une autre sentinelle lui crie : Wer da ! et de nouveau il recommence son stratagème qui réussit la seconde fois aussi bien que la première.

Quand il a bien exploré toute la ligne ennemie, il revient vers nos tranchées. Et comme une dernière sentinelle allemande, sentant quelqu’un s’agiter dans l’ombre, lui criait de loin : Wer da ! ravi de n’avoir plus à dissimuler, il lui lance à pleine poitrine le mot qui immortalisa Cambronne, dont il est d’ailleurs un digne descendant.

« Jamais, disait le sous-officier quand il racontait peu après ses aventures, jamais je n’ai éprouvé un plaisir aussi grand qu’à la minute où j’ai pu crier ce « m…ot » aux Boches.


Le truc du capitaine.

Un de mes camarades m’a raconté le « truc » employé un jour par son capitaine pour redonner à sa compagnie l’entrain qu’une marche de nuit épuisante — 32 kilomètres sans lune — avait fortement abattu. Au bout du trente-deuxième kilomètre, cette compagnie s’était arrê-