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anecdotes pathétiques et plaisantes

Le litre débouché.


Qui définira jamais l’état d’esprit du zouave qui fut le héros de l’aventure suivante ?

Les clairons venaient de sonner la charge. Une compagnie de zouaves, la baïonnette bien assurée, bondit hors des tranchées et s’élança en avant.

De l’autre côté, fusillade, mitraille, marmites, shrapnels, firent aussitôt rage. La zone à franchir est longue. Le capitaine, qui voit ses hommes tomber, donne un ordre bref :

À terre… Couchez-vous… À plat ventre… Mais couchez-vous donc, sacrebleu !

Les zouaves ralentissent et, comme à regret, s’allongent sur le sol.

Seul, un grand diable de zouave reste debout au milieu de l’enfer de projectiles.

— Couchez-vous donc, animal ! Vous voulez vous faire tuer ?

— Mon capitaine, j’peux pas…

Les balles sifflaient. Les obus éclataient de tous côtés. Le capitaine se fâche. Rien n’y fait : le zouave demeure debout.

— J’peux : pas. J’ai un litre de vin dans ma poche et y a pas d’bouchon !

L’histoire ne dit pas si le zouave s’est fait tuer plutôt que de renverser son vin, mais je parierais qu’il s’en est tiré sain et sauf.


Les perroquets sentinelles.


On a dit que, le 24 janvier — le jour de la bataille navale du Nord — tous les faisans, dans les voilages anglais du Cumberland et du Yorkshire, montrèrent une agitation inaccoutumée. On se rendit compte, de-