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LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ

lancé et abandonné à lui-même ne se meut d’un mouvement rectiligne et uniforme, ne satisfait à la loi d’inertie, puisqu’il est dévié par la pesanteur. Le champ de pesanteur nous apparaît comme la cause commune de ces écarts à partir des lois simples prévues par la théorie de la relativité restreinte pour un Univers régi par les lois de l’électromagnétisme sous leur forme habituelle et que nous appellerons un Univers euclidien à cause de l’analogie signalée plus haut avec la géométrie euclidienne. Un Univers euclidien est caractérisé par le fait qu’il existe une infinité de systèmes de référence, en mouvement de translation uniforme les uns par rapport aux autres, pour lesquels nos postulats fondamentaux sur la propagation isotrope de la lumière, sur la possibilité d’une mesure optique du temps et sur l’exactitude des lois de l’électromagnétisme sont vérifiés. Dans un tel Univers et pour les systèmes de référence appropriés, la lumière se propage en ligne droite et un mobile libre se meut d’un mouvement rectiligne et uniforme.

L’Univers réel ne remplit pas ces conditions, au moins pour un système de référence lié à la Terre. Il pourrait cependant les remplir par rapport à d’autres systèmes en mouvement convenable (autre qu’une translation uniforme) par rapport à la Terre, et être par suite euclidien.

On peut en effet trouver, au moins localement, c’est-à-dire pour une région de l’Univers suffisamment limitée dans l’espace et dans le temps, une solution à cette question par l’intermédiaire du boulet de Jules Verne.

À l’intérieur d’un projectile lancé sans rotation et par conséquent se mouvant en chute libre, la pesanteur n’existe pas et l’Univers est euclidien. En effet, tous les objets qu’il peut renfermer étant soumis, en vertu de la loi de constance de rappelée plus haut, à une