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LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ

tion (12) d’inertie de l’énergie comporte d’autres conséquences remarquables.

On sait que l’hypothèse de l’unité de la matière, d’après laquelle les atomes seraient construits à partir d’un élément fondamental, probablement l’hydrogène, comporterait, au point de vue de la mécanique rationnelle, la conséquence connue sous le nom de loi de Prout, d’après laquelle les masses atomiques de tous les éléments devraient être des multiples entiers de celle de l’hydrogène.

L’unité de la matière semble d’ailleurs de plus en plus vraisemblable : les transformations radioactives nous montrent que des atomes lourds peuvent émettre successivement plusieurs atomes d’hélium en se simplifiant ; d’autre part, Sir Ernest Rutherford vient de montrer que le choc d’une particule α (atome d’hélium lancé pendant la transmutation spontanée d’atomes radioactifs) contre le noyau d’un atome d’azote en peut détacher un atome d’hydrogène. Enfin les cas comme celui du chlore (masse atomique 35,5) où un écart important existe avec un multiple entier de l’hydrogène semblent devoir s’expliquer par l’existence d’un mélange d’éléments isotopes doués des mêmes propriétés chimiques mais de masses atomiques différentes. La méthode des rayons positifs imaginée par Sir Joseph Thomson vient en effet de permettre le dédoublement du chlore en deux éléments isotopes de masses atomiques très voisines de 35 à 37, ainsi que celle du néon en deux éléments de masses 19 et 21.

Mais les travaux de Stas ont montré que de petites différences subsistent, que les masses atomiques des éléments les plus simples sont très voisins de multiples entiers de celle de l’hydrogène.

Or il suffit d’admettre que la formation d’atomes complexes à partir de l’élément simple s’accompagne de variations d’énergie interne par rayonnement du