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LE PRINCIPE DE RELATIVITÉ

Il y a là une contradiction formelle que Fitzgerald et Lorentz ont cherché à lever, tout en conservant la cinématique ordinaire, en admettant que la forme d’un corps en mouvement par rapport à l’éther change avec son orientation par rapport à la direction du mouvement : une dimension quelconque d’un corps quelconque doit se contracter dans le rapport quand elle passe d’une direction perpendiculaire à la direction même du mouvement.

Le souci de conserver la cinématique usuelle, ainsi que la notion du temps absolu dont elle dérive, oblige ainsi à introduire dans la géométrie et par suite dans toute la physique la complication suivante : des observateurs terrestres doivent se considérer comme contractés, ainsi que tous les objets qui leur sont liés, d’une quantité variable avec la saison, et d’ailleurs inconnue, dans une direction inconnue puisque nos mesures terrestres sont faites avec des règles dont nous devons supposer que leur longueur change aussi avec l’orientation de manière à masquer complètement pour nous l’effet de la contraction.

Nous verrons également que la conservation du temps absolu et de la contraction de Lorentz au sens précédent donne aux équations de la physique, et en particulier à celles qui traduisent les lois de l’électromagnétisme, une forme compliquée et variable avec le mouvement supposé du système de référence par rapport à l’éther, alors que l’expérience nous montre au contraire que ce mouvement d’ensemble est inaccessible et que les phénomènes se passent exactement de la même manière pour tous les systèmes quels que soient leurs mouvements de translation uniforme les uns par rapport aux autres.

Pour éviter ces complications arbitraires et ne rien introduire dans nos conceptions fondamentales qui ne soit l’expression aussi simple et immédiate que