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une induction hardie, ces principes dans un domaine pour lequel ils n’ont pas été créés, et l’on admet aussi de manière implicite la possibilité d’une représentation matérielle de l’éther. En dehors de celles que j’ai déjà signalées, une semblable tentative soulève bien des difficultés, et les efforts faits pour la prolonger de manière plus précise n’ont pas abouti jusqu’ici. L’essai le plus profond, l’éther gyrostatique de Lord Kelvin, conviendrait à la rigueur pour représenter la propagation de phénomènes périodique dans l’éther seul, mais rend impossible l’existence d’une déformation permanente, nécessaire, cependant pour représenter un champ électrostatique constant. Les gyrostats se retourneraient dans ce cas au bout d’un temps fini, et le système cesserait de réagir contre la déformation qui lui est imposée. De plus, il parait impossible de comprendre dans cette conception la présence d’électrons permanents, centres de déformation du milieu.

En dehors de cette difficulté, M. Larmor a besoin, dans l’image matérielle qu’il a proposée pour l’éther, de superposer au système gyrostatique de Lord Kelvin les propriétés d’un fluide parfait dont le déplacement, représentant le champ magnétique, soit à chaque instant irrotationnel pour ne pas produire de champ électrique par rotation des gyrostats présents dans le milieu. Mais une grosse difficulté s’ajoute aux précédentes : si le mouvement d’un fluide satisfait a chaque instant à la condition d’être irrotationnel pour des déplacements infiniment petits, il n’en est plus ainsi pour