Page:Langevin - La physique depuis vingt ans, 1923.djvu/296

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Or, étant donné que la distance dans l’espace de nos deux événements est supérieure au chemin parcouru par la lumière pendant leur intervalle dans le temps, le premier ne pourrait intervenir comme cause dans la production de l’autre, le second ne pourrait être informé du premier, que si le lien causal pouvait se propager avec une vitesse supérieure à celle de la lumière. Nous devons donc, d’après ce qui précède, éliminer une telle possibilité la causalité, quelle que soit sa nature, ne doit pas pouvoir se propager avec une vitesse supérieure à celle de la lumière ; il ne doit exister ni messager, ni signal pouvant parcourir plus de trois cent mille kilomètres par seconde.

Nous devons donc admettre qu’un événement ne peut agir instantanément comme cause à distance, que sa répercussion ne peut se faire sentir immédiatement que sur place, au point même où il a lieu, puis ultérieurement à des distances croissantes, et croissantes au ’’maximum’’ avec la vitesse de la lumière. Celle ci joue donc bien, à ce point de vue déjà, dans les conceptions nouvelles, le rôle que joue dans les conceptions anciennes la vitesse infinie qui y représente la vitesse limite avec laquelle peut se propager la causalité.

On voit par là que l’antagonisme actuel entre le mécanisme et l’électromagnétisme manifeste seulement sous une forme nouvelle l’opposition entre les deux conceptions qui se sont succédées dans le développement des théories électriques : celle de l’action instantanée à distance compatible avec le mécanisme, et celle introduite par Faraday de la