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diverses vitesses que fait intervenir la propagation du rayonnement dans les milieux matériels.

Dans le vide, où la dispersion n’existe pas, une seule vitesse intervient. Une perturbation quelconque s’y propage sans déformation à raison de kilomètres par seconde. Dans la matière, au contraire, nous avons déjà distingué deux vitesses : celle du front de l’onde et celle de la phase. Le front se propage avec la même vitesse que dans le vide, mais avec une amplitude si rapidement décroissante qu’elle devient généralement insensible après un chemin très court.

Il n’y a donc aucun espoir, dans les cas autres que ceux des rayonnements très pénétrants comme les rayons Röngten et les rayons de mettre en évidence cette propagation d’un front à travers toute matière avec la vitesse de la lumière dans le vide. Les phénomènes de réfraction ou d’interférence, qui correspondent à un régime permanent de propagation d’un train d’ondes périodiques, ne permettent d’atteindre que la vitesse de propagation de la phase.

Toute modification dans la régularité du rayonnement incident, tout changement dans l’amplitude du phénomène périodique, se propagera dans les milieux matériels avec une troisième vitesse, distincte des deux précédentes, comme l’ont montré Lord Rayleigh et M. Gouy, et qui est la vitesse de propagation de l’amplitude ou du groupe. Cette vitesse est déterminée par la loi de dispersion. C’est elle que permettent d’atteindre les mesures directes de vitesse de la lumière, comme celle