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Le fait que la lumière, ou les rayons de Rœntgen qui sont de la lumière de fréquence très élevée, arrachent des charges négatives, des électrons négatifs, de toute espèce de matière, a permis de conclure que ces électrons négatifs représentent un constituant général de la matière. Comme il s’agit de grains beaucoup plus ténus que les atomes les plus légers, tels que ceux d’hydrogène, on les a imaginés comme entrant dans la constitution de tous les atomes.


Le développement de ces recherches expérimentales s’est poursuivi parallèlement à celui de la théorie, dans une collaboration de tous les instants qui s’est maintenue très heureusement depuis trente ou quarante ans, et que nous espérons voir se prolonger. En ce moment, c’est l’expérience qui semble avoir pris un peu d’avance par les découvertes récentes du neutron et de l’électron positif, mais les théoriciens sont à l’œuvre et ils vont essayer d’adapter leurs idées à ces faits nouveaux.

Il s’est trouvé qu’à cette même époque où J. J. Thomson identifiait le corpuscule cathodique ou électron négatif comme particule de masse connue et de charge électrique connue, la théorie électromagnétique, entre les mains de Lorentz et de ses continuateurs, arrivait aux mêmes conceptions, à la nécessité d’une structure granulaire électrisée de la matière, et interprétait par là, en particulier, le phénomène de Zeeman. De ce phénomène, sous sa forme la plus simple, on pouvait déduire aussi le rapport de la charge à la masse de l’électron qu’on imaginait en jeu dans l’émission de la raie lumineuse décomposée par Zeeman sous l’action du champ magnétique, et on retrouvait bien toujours la même valeur. L’existence de l’électron dans tous les atomes se trouvait par là confirmée.

Vous savez aussi que le développement admirable de la spectroscopie, depuis la découverte du phénomène de Zeeman, a montré que ce phénomène se présente sous une forme plus complexe que ne l’imaginait Lorentz et que, pour l’interpréter, il fallait attribuer à l’électron négatif non seulement une charge électrique, mais encore un moment magnétique — un spin, comme on dit aujourd’hui en utilisant le terme anglais. Et ceci complétait notre