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On a pu remarquer, dans le dernier texte de 1932, la présentation et l'interprétation dialectique des conquêtes de la relativité, les mots « dialectique hégélienne » sont même explicitement employés[1]. Ainsi la notion de contradiction et la notion de synthèse dont Langevin a compris, dès le début de ses travaux, toute la valeur, mais qu'il essayait d'illustrer ou d'interpréter par des analogies biologiques (Cf. "L'évolution de l'espace et du temps") s'intègrent maintenant dans une nouvelle conception plus riche et plus profonde. Dans cette évolution vers une conception marxiste de la science, bien des causes ont agi : la réflexion personnelle, la curiosité sympathique envers l' U.R.S.S. et le jeune parti communiste français dont le niveau théorique s'élevait peu à peu. Mais il convient aussi de parler de l'action d'un jeune savant, assassiné par les nazis dans la dernière guerre : Jacques Solomon. C'est en 1927, au Congrès de Constantine pour l'avancement des sciences, que Paul Langevin fit connaissance du fils du célèbre radiologiste Iser Solomon, Jacques, qui devait, deux ans plus tard, devenir son gendre.

  1. L'adjonction du mot « hégélien » au mot « dialectique » ne doit pas être considéré comme une prise de position idéaliste, absolument incompatible avec le matérialisme conscient de Langevin. Il s'agissait bien plutôt, pour lui, de faire admettre l'idée d'évolution dialectique à des savants qui avaient bien entendu parler de Hegel, mais qui ignoraient tout, à cette époque, de l'oeuvre philosophique de Karl Marx et Friedrich Engels.