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LE SAVANT ET LE PHILOSOPHE

succès fut grand dans certains domaines, dans la théorie cinétique des fluides par exemple, moindre dans d’autres comme ceux de l’élasticité et de l’Optique.

Il ne faut pas oublier à ce propos qu’en rendit souvent responsable des insuccès du mécanisme la seule conception atomistique, aujourd’hui cependant définitivement établie sur des faits expérimentaux indiscutables, et dont l’association avec la théorie électromagnétique s’est montrée depuis quinze ans d’une si remarquable fécondité. Ce qui semble en réalité être sujet à caution, c’est l’application aux mouvements invisibles des lois de la Mécanique établies d’abord pour les mouvements visibles et qui, même pour ceux-ci, ne représentent plus qu’une première approximation, d’ailleurs excellente.

La théorie des phénomènes électromagnétiques, telle que nous la possédons aujourd’hui, est certainement indépendante des lois prescrites au mouvement de la matière par la Mécanique rationnelle, bien que celle-ci semble intervenir dans certaines définitions fondamentales : la meilleure preuve de cette indépendance est fournie par les contradictions qui s’élèvent actuellement entre les deux synthèses.

L’Electromagnétisme est aussi remarquablement adapté à son domaine primitif que la Mécanique rationnelle a pu l’être au sien ; avec ses notions très spéciales d’un milieu qui transmet les actions de proche en proche, de champs électrique et magnétique caractérisant l’état de ce milieu, avec la forme très particulière des