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où la chimie s'arrête et de trouver l'individualité d'une portion de matière dans le nombre et la nature des éléments primordiaux à partir desquels les atomes sont construits, corpuscules cathodiques et peut-être noyaux positifs des atomes d'hélium ou d'hydrogène. Seuls le nombre et la nature de ces éléments resteraient invariables à travers tous les changements que subirait la matière et pourraient servir à définir celle-ci.


L'EVOLUTION DE L'ESPACE ET DU TEMPS


A côté de son aspect mathématique, à côté de ses conséquences pratiques sur la possibilité d'utiliser l'énergie intra-atomique, la relativité avait aussi un aspect philosophique. Elle exigeait une véritable révolution dans les habitudes de pensée, particulièrement en ce qui concerne les notions d'espace et de temps. Elle exigeait aussi l'abandon définitif, à partir de certaines vitesses, des explications mécaniques traditionnelles. Avec Einstein, Langevin est certainement celui qui a le mieux su comprendre, dès le début, le sens et la portée de cette révolution.

C'est au Congrès de Philosophie de Bologne qu'il en exposa pour la première fois les grandes lignes à l'usage d'un public cultivé sans doute, mais dépourvu, en général, de connaissances mathématiques très approfondies. Cet exposé[1] est un véritable chef-d'oeuvre, d'autant plus admirable qu'il est encore tout proche

  1. Conférence faite au Congrès de philosophie de Bologne en 1911, publiée dans Scientia, vol. X, pp. 31 à 54 puis dans La physique depuis vingt ans, pp. 264-300, Doin, Paris, 1923 (les sous-titres ont été ajoutés).