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qui constitue le lien entre l’éther et la matière formée d’un groupement d’électrons, cette notion a pris en peu d’années un développement qui lui fait briser les cadres de l’ancienne physique et renverser l’ordre établi des notions et des lois pour aboutir à une organisation qu’on prévoit simple, harmonieuse et féconde.

CRITIQUE DE L’ÉNERGÉTIQUE


Promoteur de la physique nouvelle, tout en restant un défenseur conscient du matérialisme, Paul Langevin devait être amené à combattre les conceptions confuses et souvent idéalistes de nombreux savants de son, époque. Les positivistes, par leur prétention à vouloir limiter le champ d’investigation tic la science, lui paraissaient essentiellement critiquables. Au début du XXe siècle, bon nombre d’entre eux s’étaient enthousiasmés pour l’énergétique, doctrine suivant laquelle tout dans la nature’se ramenait à l’énergie, mot magique qui, à lui seul, devait tout expliquer. Voici ce que Langevin écrivait des partisans français de l’énergétique, en 1904, l’année même du Congrès de Saint-Louis[1] :


Mais, nécessaires, ces principes[2] ne sont

  1. L’Esprit de l’enseignement scientifique, conférence faite au Musée Pédagogique, le 18 février 1904, et reproduite dans La physique depuis vingt ans, Doin, Paris, 1923, pp. 434, 435, 436. On pourra rapprocher ce texte de celui de Lénine dans Matérialisme et empiriocriticisme (p. 234) : « Il (Ostwald, « inventeur » de l’énergétique) déclare… considérer, comme « un immense avantage que l’ancienne difficulté de concilier les notions de matière et d’esprit soit simplement et naturellement éliminée par la réduction de ces deux notions à celle de l’énergie ». Ce n’est pas un avantage, c’est une perte, car le problème des recherches gnoséologiques idéalistes ou matérialistes, loin d’être résolu, est encore obscurci par l’emploi arbitraire du terme « énergie »…
  2. Il s’agit des deux principes fondamentaux relatifs à l’énergie : principes de conservation et principe de Carnot-Clausius.