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mer, d’extérioriser, en quelque sorte, son amour de la science qui le faisait nous appeler à lui pour nous expliquer les choses nouvelles qui l’enthousiasmaient. Je me rappelle que dans la pièce où il se tenait et où, à ce moment-même, il poursuivait avec son frère Jacques ses travaux sur la piézoélectricité, il nous a exposé les idées de Johannes Van der Waals sur la compressibilité des gaz. C’était en 1889. Il m’a fait un peu plus tard le très grand honneur d’une modeste collaboration à ses travaux. J’étais en troisième année quand il poursuivait ses études sur les mouvements amortis et la possibilité d’en représenter les lois d’une façon générale. Il m’a demandé, ainsi qu’à mon camarade de promotion Planzol, de l’aider dans ses calculs numériques. J’en étais extrêmement fier. J’ai utilisé une vieille machine à calculer de Thomas de Colmar, qui existe encore à l’École et dont j’ai eu l’émotion de me servir à nouveau pour mes travaux personnels, il y a deux ou trois ans. Cette machine a perdu quelques dents. Ses rouages ne sont plus aussi neufs qu’autrefois, et les résultats qu’elle donne ne sont pas très sûrs. Elle ressemble, si vous voulez, à un vieil académicien (Sourires) dont les rouages intellectuels et les dents ne sont peut-être pas aussi parfait qu’ils l’étaient dans sa jeunesse.

Cette première initiation à la création scientifique, que m’a procurée cette infinie collaboration avec Pierre Curie a été peut-être l’événement qui a déclenché en moi le désir participer aussi à l’effort scientifique,