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Dans ses notes pour un meeting de 1937, on lit :


La politique de non-intervention augmente sans cesse l’audace et le cynisme des violents et conduit finalement à la guerre.


L’indépendance de caractère, le courage civique de Paul Langevin, son mépris des relations officielles et du bon ton spécieux quand les grands intérêts de la paix et de la guerre étaient en jeu, ont eu maintes fois l’occasion de s’affirmer, même avant cette époque de 1932-33 où son action commence à prendre sa plus grande ampleur publique et son éclat le plus vif.

Il disait dès 1925 : « Il faut exercer sur les gouvernements une pression constante. » En août 1932, répondant, de Nice où il assistait à un congrès d’éducation, au président du Conseil d’alors qui lui avait écrit pour défendre, quant à la lutte contre la guerre, sa propre attitude de juste milieu entre « ceux qui trouvent toujours qu’on en fait trop et ceux qui trouvent qu’on n’en fait pas assez », il refusait hautement d’administrer pour sa part « la morphine ». Il affirmait :


Toute illusion est dangereuse parce qu’elle contribue à endormir l’inquiétude et à faciliter l’acceptation de la guerre.


Ainsi il est déjà tout près de la théorie marxiste-léniniste sur le mystère, la duperie, les comédies pacifistes qui servent à préparer les guerres impérialistes. Paul Langevin, dans la même lettre au chef du gouvernement, déclarait placer tous ses espoirs non pas dans les individus marquants, hommes politiques ou non, mais dans l’action des peuples, à qui il faut donner « la vision stimulante des faits ».

Vers la même date, il refusait de participer à la propagande des exercices contre les gaz, soutenue par une publicité commerciale cynique d’affairistes qui achetaient alors généraux et politiciens et qui ne craignaient pas de lui faire d’insolentes ouvertures à lui-