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en moi d'émouvants souvenirs en même temps qu'ils m'apportent une grande espérance. Partout dans la campagne traversée comme dans la grande cité lyonnaise, sous la protection d'une jeunesse armée et disciplinée, malgré la gêne duc à d'impressionnantes destructions, la vie active a repris. Puisant des forces nouvelles dans la volonté de se montrer digne de ses héros et de ses martyrs et de maintenir l'union scellée dans la souffrance, un peuple fort et recueilli se sent en marche vers un nouvel et grand avenir. Il sait que son devoir envers ceux qui se sont sacrifiés comme à l'égard des générations futures est de ne rien laisser perdre des possibilités actuelles, si chèrement achetées, pour réaliser par de profondes réformes de structure, plus de justice sociale et plus de liberté. Tout en continuant, aux côtés de ses alliés, la lutte contre le barbare ennemi du dehors, qui s'est laissé conduire par des guides déments hors de l'humanité, il doit, pour ce qui concerne le passé, faire justice de l'ennemi du dedans en poursuivant sans faiblesse ceux qui, par leurs actes, se sont placés hors de la nation. Puis, ce sera la grande tâche de la reconstruction où, sans laisser aux forces hostiles le temps de se ressaisir et de reprendre leur ancienne domination, noua devons réaliser, maintenant que la libération du pays est faite, celle de chacun de ses enfants : libération matérielle par une transformation profonde du régime économique et des conditions du travail, libération