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et spirituelles de l'activité humaine est que, autant leur union est nécessaire pour leur libération commune autant leur sont communs les dangers d'oppression qui les menacent et qui s'affirment aujourd'hui dans le fascisme de manière particulièrement aiguë. Liberté d'action et liberté de pensée ont les mêmes ennemis. Ceux-ci ont compris qu'on ne peut maintenir sous le joug les travailleurs manuels qu'en arrêtant le travail de la pensée, en détruisant les oeuvres de l'esprit, en proscrivant la culture sous toutes ses formes, de science, de littérature ou d'art. Le maintien d'une domination matérielle est solidaire du maintien d'une domination spirituelle, combattre l'une n'est pas possible sans combattre l'autre en même temps. Un autre aspect du devoir qui s'impose aux travailleurs intellectuels de se tenir en liaison étroite avec l'activité générale des hommes est que les oeuvres de l'esprit, libératrice par les moyens d'action et la culture qu'elle donnent, peuvent si elles sont mal utilisées, fournir des moyens d'oppression et de destruction particulièrement efficaces et dangereux. Tout nous montre en ce moment que le devoir de tous ceux qui s'efforcent de créer ou de développer ces moyens d'action est de veiller à l'usage qu'en font les hommes et de s'intéresser d'au-tant plus aux grands, problèmes généraux qu'il est davantage en leur pouvoir de les compromettre malgré eux. Toujours plus nombreux heureusement, sont ceux qui comprennent le caractère essentiel de