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exquis, — avec quelle flamme Langevin ne s’élevait-il pas contre ceux qui veulent faire du monde « fantaisie et mystère », alors qu’il est « enchaînement régulier » et qu’il obéit à des lois dont la connaissance est pleinement vérifiée par notre pratique, par notre art de presser sur les boutons pour obtenir des résultats déterminés, — comme il disait dans son langage populaire et imagé.

Dans les discussions qui opposaient entre eux les physiciens des diverses tendances, la position de Langevin était sans équivoque. Pour lui, l’atome avait une réalité objective[1], il était soumis à la nécessité objective selon les lois qui lui sont propres. Langevin pensait exactement comme son collaborateur et son gendre, notre cher et grand Jacques Solomon, déclarant en 1939 à la onzième semaine internationale de synthèse à propos du concept de matière et des transformations des aspects qualitatifs de la matière (transformations photons-électrons et électrons-photons) :


Il ne faut pas attacher un sens trop littéral à ces expressions de matérialisation et de dématérialisation qui indiquent simplement des passages d’un état matériel à un autre[2].


En ce sens, dès le début du siècle, Lénine avait riposté aux physiciens qui prétendaient que la matière avait disparu, en montrant que ce qui avait disparu, c’était seulement l’ancienne conception de la matière. Lénine indiquait qu’en fait, l’esprit humain avait franchi une limite de plus dans sa pénétration progressive au plus profond de la matière.

  1. La thèse de Langevin : « L’atome est une réalité, étant donné son caractère concret » se trouve notamment dans Les Nouvelles théories de la physique, publication de l’Institut International de coopération intellectuelle, 1930, p. 245. Ce texte reproduit un rapport sur Les courants positiviste et réaliste dans la philosophie de la physique présenté à la réunion internationale de Varsovie en 1938.
  2. Cité par Paul Labérenne : L’origine des mondes. Paris, Éditions Hier et Aujourd’hui, 2e édition, 1947, p. 230.