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SOUVENIRS POLITIQUES

nouvelle qui leur faisait parfois remporter des victoires inespérées.

Et, chose singulière ! Ernest Pacaud qui a assuré l’élection de tant de députés, ne s’est jamais senti attiré vers la vie parlementaire. Ce qu’il aimait par-dessus tout, son occupation favorite, c’était son journal. Dans deux circonstances seulement il a recherché les émotions d’une élection : la première fois c’était en 1874. Il posa sa candidature dans les comtés de Drummond et Arthabaska avec M. Watts un autre libéral ; mais il s’effaça en faveur de ce dernier afin de ne pas compromettre le succès de son parti. La dernière élection qu’il a subie, c’était à Bellechasse en 1882. Il se porta candidat contre M. Guillaume Amyot qui était un tribun redoutable. Ces deux hommes éloquents, actifs, bien renseignés, firent une campagne formidable dont bien des électeurs gardent encore le souvenir. Il fut vaincu après avoir rudement bataillé. Depuis lors, bien que souvent sollicité, il n’a jamais voulu briguer les suffrages : il est resté au poste qu’il affectionnait, au fauteuil de la rédaction de l’Électeur et plus tard du Soleil.

Quand la maladie qui le minait le força à s’en aller sous un climat moins rigoureux que le nôtre, il lui fallut vendre son journal ; c’est à ma suggestion qu’il le fit. Ce fut pour lui, j’en ai été le témoin, un des sacrifices les plus cruels de