Page:Langelier - Souvenirs politiques, vol 2, 1912.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
16
SOUVENIRS POLITIQUES

ces. À la suite du renvoi du gouvernement Mercier, privé de tout patronage ministériel, accablé de poursuites de toutes sortes, on se demandait si le journal libéral survivrait à la débâcle. Mon ami, sans perdre un instant de courage, se mit à l’œuvre pour sauver du naufrage l’organe du parti libéral. Il déploya dans ce but une activité, une somme de travail vraiment extraordinaires. Non seulement il rédigeait le journal avec son fidèle Barthe, mais il voyait aussi à l’administration, à la comptabilité, à l’achat du papier, du matériel et aux affaires de banques. Il connaissait son établissement sur le bout de ses doigts.

Malgré ses occupations multiples, Ernest Pacaud trouvait le loisir de s’occuper de l’organisation du parti. C’est lui qui de 1878 à 1900 fut l’organisateur des élections dans notre district. Il a excellé dans ce rôle si difficile. Son activité prodigieuse répandait la contagion et mettait tous les amis en mouvement ; son assurance imperturbable dans la victoire jetait le courage dans tous les cœurs. C’est lui qui dépêchait des orateurs à droite et à gauche, c’est lui qui trouvait le nerf de la guerre, c’est lui, enfin, qui faisait la bataille dans le journal. Il était familier d’une façon étonnante avec l’opinion dans notre district ; aussi, lorsqu’il prédisait la victoire, — on savait qu’il se trompait rarement, — son opinion donnait-elle à nos amis une ardeur