exécraient le tyranneau que je venais de dénoncer. Dans une élection c’est la moitié de la victoire que d’avoir les femmes de son côté. Je l’ai constaté souvent plus tard. Les choses allaient à merveille : ce que nous venions de constater était la preuve que l’opinion publique était facile à ameuter contre. M. Angers. Le sentiment qui s’était manifesté là devait exister ailleurs. Je me croyais déjà élu, tant on voit tout en beau lorsqu’on est jeune !
Nous retournons à la ville enchantés de notre savante manœuvre. Mais, comment serions nous accueillis par les chefs ? Nous nous rendîmes directement chez mon frère, M. F. Langelier où je demeurais, dans la rue du Parloir. Il veillait encore, nous le trouvâmes dans son bureau. En entrant, Achille LaRue me présenta comme le candidat de Montmorency, puis, il lui raconta notre aventure. Il resta renversé de notre petit coup d’État, mais comme il avait assumé la responsabilité d’un bien plus grand, celui de M. Letellier, le nôtre ne l’alarma pas trop. Le lendemain, il communiqua la nouvelle de ma candidature spontanée à M. Joly. Celui-ci, avec sa chevalerie ordinaire avait trouvé notre conduite bien audacieuse, bien brave : il s’opposa à ma candidature parceque, — disait-il, « ce serait un crime d’envoyer ce jeune homme à la boucherie. » Mon frère