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SOUVENIRS POLITIQUES

l’on nous regardait un peu comme des bêtes curieuses. Enfin, il se fait du bruit au dehors : ce sont les orateurs de la soirée qui viennent d’arriver. Un instant après, nous étions en présence de M. Guillaume Amyot et de M. L-N. Asselin, tous deux avocats. Nous échangeons une poignée de main ; mais ils paraissent un peu surpris de nous rencontrer, convaincus que le parti avait abandonné l’idée de faire la lutte à M. Angers.

Voici l’assemblée ouverte. M. Amyot, un jouteur fort habile, fit un petit boniment qui nous jeta un peu dans l’embarras. « Voilà, dit-il, bientôt trois semaines que nous sommes en campagne électorale et les libéraux n’ont pas jugé à propos de placer un candidat en opposition à M. Angers. Cette assemblée a été convoquée par nous pour défendre la politique de l’ex-gouvernement ; à moins que mes deux amis qui sont ici soient en mesure de nous annoncer qu’ils ont un candidat, je m’oppose à ce qu’ils prennent part à la discussion. Les électeurs applaudirent en signe d’approbation.

Que faire dans une pareille situation ? Il ne fallait pourtant pas retourner bredouille. Je délibère avec Achille LaRue et finalement, je suggère le plan que voici auquel il donne son adhésion : je vais m’annoncer comme le candidat du gouvernement : Amyot se trouvant lié par sa déclaration ne pourra reculer, ce qui