Lorsque M. Letellier arriva à Québec comme Lieutenant-Gouverneur, après la mort de l’hon. R. E. Caron, les conservateurs furent jetés dans un profond étonnement. Accoutumés depuis longtemps à voir toutes les positions occupées par leurs amis ils ne pouvaient pas se faire à l’idée qu’un poste aussi élevé pouvait être rempli par un libéral.
M. Letellier arriva à la tête de la province sans prévention et bien déterminé à se montrer un gouverneur constitutionnel. Mais ses ministres au lieu d’avoir pour lui les égards qui lui étaient dûs le traitèrent cavalièrement : ils méconnurent les prérogatives dont il était investi. C’est ainsi qu’ils soumirent à la Chambre sans l’avoir consulté, des mesures de la plus haute importance. Ils apposèrent sa signature à des proclamations et à d’autres documents sans même l’avoir prévenu ; M. Angers, alors procureur-général avait refusé avec insolence une invitation à diner à Spencer Wood. M. Letellier qui connaissait bien nos lois constitutionnelles n’était pas homme à endurer ces humiliations et à laisser bafouer le représentant de Sa Majesté.
Le Ier mars, il adressa à M. DeBoucherville une lettre dans laquelle il lui disait :
…Le fait d’avoir proposé aux Chambres plusieurs mesures nouvelles et importantes sans en avoir préalablement avisé en au-