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SOUVENIRS POLITIQUES

tis les deux principes Libéral et Conservateur, qu’il n’y avait rien dans le libéralisme que nous professions qui fut de nature à alarmer l’Église ou la foi religieuse de qui que ce soit.

Le discours de M. Laurier fut tout un événement. On était venu de toutes parts, de tous les districts, jusque de St-Hyacinthe et de Montréal, pour assister à cet éloquent plaidoyer en faveur des idées libérales. Plus de deux mille personnes encombraient la Salle de Musique que le Club Libéral avait retenue pour cette occasion.

Je me rappelle encore la frayeur de certains de nos amis à la pensée qu’un laïque allait traiter un sujet aussi périlleux. Ils avaient peur que M. Laurier sur lequel le parti fondait de si grandes espérances, commît quelque hérésie de nature à attirer sur sa tête les foudres ecclésiastiques dont on était si prodigue à cette époque-là.

M. Laurier se rendait bien compte de ce sentiment ; aussi pour apaiser ces craintes, il avait soumis son manuscrit à Mgr Benj. Pâquet qui l’avait assuré que les doctrines libérales qu’il professait était parfaitement orthodoxes.

Malgré cette assurance, M. Laurier était d’une grande pâleur quand il commença son discours, tant il ressentait le malaise de ses amis. Ses premières paroles tombèrent au milieu d’un silence complet. Cependant, peu à