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SOUVENIRS POLITIQUES

cher comme ils l’avaient fait durant cette élection.

M. le juge Routhier présidait à ce procès. Il voguait alors à pleines voiles dans les eaux ultramontaines ; il avait publié des écrits qui ne laissaient pas de doute sur ces opinions en ce qui concerne les droits du clergé. Il en est bien revenu depuis. Malgré la preuve accablante d’influence indue exercée par les curés dans cette élection, il jugea en faveur de Sir Hector Lange vin. Il prétendit que lors de la Cession du Canada à l’Angleterre on avait garanti les immunités du clergé dans cette province ; que le tribunal n’avait pas le droit d’intervenir dans la liberté de prédication chrétienne ; que le vote était un acte moral, et que partant les prêtres étaient restés dans les limites de leurs attributions. Il ajoutait encore : « Je suis incompétent dans tous les cas dans lesquels le point à décider touche à la doctrine dogmatique, à la morale ou à la discipline, comme aussi dans ceux où la personne poursuivie est un ecclésiastique. Je n’ai le droit de juger les actes des prêtres qu’en autant qu’ils peuvent affecter les droits des tiers, pourvu que ces actes soient d’un caractère temporel et que la personnalité du prêtre ne soit pas impliquée. »

Il prétendait également que la prédication