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SOUVENIRS POLITIQUES

pour nous. Après avoir partagé nos inquiétudes dans la lutte, il vient ce soir partager notre bonheur dans la victoire. Eh bien ! oui, la victoire est à vous, car sans vous, elle n’eut jamais été à nous. Vos amis, vos condisciples d’autrefois vous ont aidé, vous ont encouragé, c’est vrai, mais tous le diront avec moi, sans votre dévouement filial, jamais peut-être les Jésuites ne seraient devenus des citoyens canadiens. Le coup eut été bien cruel à nos cœurs ! Après plus d’un siècle de travaux incessants, de courses apostoliques, de fatigues accablantes, de privations de tous genres ; après de nombreux combats livrés à des adversaires du nom chrétien pour conserver la foi dans le cœur de nos pères ; après avoir donné à notre colonie naissante le bienfait de l’éducation, après avoir vu mourir plusieurs frères sur les bûchers ou sous la hache du sauvage, les Jésuites n’auraient pas encore mérité le nom de citoyens ! »

M. Mercier répondit à cette adresse avec une rare éloquence.

Quel changement hélas ! Cette démonstration comportait un grand enseignement : en effet, il ne faut pas se reporter bien loin en arrière pour retrouver le groupe libéral bas-canadien sous le coup d’un ostracisme injuste dénoncé au nom des principes les plus sacrés, voué à l’exécration d’une population très