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SOUVENIRS POLITIQUES

fense avait été commise, où le libelle avait été publié. Il avait offert privément à l’avocat de M. Sénécal d’accepter la paternité de l’écrit si l’on voulait le poursuivre à Québec. On repoussa cette proposition par défiance de notre population qui passait pour être trop libérale : on manquait de confiance en elle ; on craignait qu’elle montrât de la partialité pour M. Laurier qui était une idole pour elle. Il n’en était pas de même à Montréal où le parti conservateur était à peu près maître de la situation. On remua ciel et terre pour découvrir la plume qui avait écrit cet éloquent libelle ; on eut même recours pour y parvenir, à des moyens peu honorables. M. Ernest Pacaud était alors directeur de l’Électeur, on le savait l’ami intime de M. Laurier. Profitant du temps des vacances, alors que sa maison était fermée, des gens sans scrupules y pénétrèrent et dérobèrent ses lettres dans l’espoir d’y découvrir le nom du coupable, car on savait que l’article n’était pas de la rédaction ordinaire. Les voleurs de lettres en furent quittes pour leurs frais, ils ne trouvèrent absolument rien. Ayant échoué dans sa tentative de faire fixer le procès à Québec, M. Laurier déclara bravement qu’il était bien celui que l’on recherchait comme l’auteur du fameux article. Cette déclaration causa une nouvelle sensation dans le public et donna un caractère