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SOUVENIRS POLITIQUES

teur. Il fut mis en état d’arrestation le 27 mai 1881 en vertu d’un mandat émané à Montréal, afin de le forcer à subir son procès dans cette dernière ville qui était alors loin d’être aussi libérale qu’elle le devint dans la suite. MM. C. A. P. Pelletier et F. Langelier les chefs reconnus du parti libéral à Québec se portèrent cautions de M. Gagnon, ce qui donna au procès un caractère tout-à-fait retentissant. Il devenait évident qu’on en faisait une affaire de parti. M. Honoré Mercier se chargea de la défense pour accentuer encore davantage, la signification de cet événement. À part les procédures criminelles une poursuite en dommage au montant de $100.000 fut instituée contre le journal. On savait bien que M. Gagnon n’était pas l’auteur de l’article incriminé, il en ignorait probablement le nom ; mais on espérait l’effrayer, puis l’engager à faire connaître le coupable. On s’était trompé d’adresse : M. Gagnon n’était pas un homme que l’on pouvait facilement terroriser.

M. Laurier était l’auteur de cet article qui avait fait tant de bruit ; il était trop chevaleresque pour en laisser peser la responsabilité sur d’autres que sur lui-même. Il déclara à l’enquête préliminaire qu’il connaissait l’auteur, mais il refusa de le faire connaître. Il agissait ainsi par tactique, afin d’engager la poursuite à faire ce procès à Québec où l’of-