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SOUVENIRS POLITIQUES

— Ça me fait plaisir, dit-il : en voilà toujours un que nous n’aurons plus à engraisser.

Je restai tout ébahi et je vis que je n’avais pas obtenu beaucoup de succès auprès de cet individu.

Comme je viens de le mentionner, le thème de toutes les conversations, c’était Senécal. Un jour, l’Électeur publia un article admirablement écrit, d’une vigueur extraordinaire ; il produisit dans toute la province une immense sensation. Cet article avait pour titre La Caverne des 40 voleurs. Je vais en citer quelques extraits :

« Cette caverne de 40 voleurs que l’on croyait n’exister qu’au pays des légendes, existe réellement parmi nous. Elle n’est pas comme on pourrait le croire, au fond d’un bois, protégée par des rochers inaccessibles, défendue par des sentinelles armées. Les voleurs qui y cherchent refuge ne sont pas d’obscurs bandits, cachés le jour, rôdant la nuit. Bien au contraire, ils promènent leur effronterie au grand soleil ; ils se pavanent dans les rues, ils boivent au comptoir des restaurants : la fumée de leurs cigares se retrouve partout. Du reste, ces voleurs ne sont pas les premiers venus, et tout voleurs qu’ils sont, il leur a été confié une tâche glorieuse, celle de restaurer les finances de la province de Québec ! Cette caverne de voleurs c’est l’administration du chemin de fer du