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SOUVENIRS POLITIQUES

un révolutionnaire, un brigand, une espèce d’antéchrist !

M. Letellier était un homme instruit, renseigné sur une foule de sujets ; aussi, il ne mit pas de temps à se faire une belle position dans la Chambre ou ses discours se faisaient remarquer par la justesse de leurs aperçus comme par la vigueur de l’argumentation. Il fut deux fois ministre : en 1863 dans le cabinet Macdonald-Sicotte et plus tard dans le gouvernement MacKenzie. Quand le projet d’une Confédération fut discuté, il s’y opposa énergiquement : il voyait dans la nouvelle constitution une menace pour l’autonomie des provinces. Il ne songeait guère dans le temps qu’il serait lui-même victime du danger qu’il signalait alors !

La politique fascinait M. Letellier, il l’aimait en dépit des nombreux déboires qu’elle lui avait causés. Pourquoi l’a-t-il abandonné pour devenir Lieutenant-Gouverneur ? Il n’en a jamais fait l’aveu, mais je crois que les manières de M. MacKenzie ne lui allaient point. C’était un homme arbitraire, cassant, qui voulait tout mener à sa guise. Il manquait tout-à-fait de cette souplesse si nécessaire à un homme d’État et que Sir John possédait à un si haut degré. On comprend qu’un homme de volonté comme M. Letellier n’a pas pu endurer longtemps un pareil régime. Il aurait pu dire comme le cardinal de Retz : « L’on a