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SOUVENIRS POLITIQUES

lui demanda la destitution de M. Letellier. Le Marquis de Lorne refusa de se rendre à cette demande, donnant pour raison que ce serait établir un précédent dangereux. M. Joly avait assumé la responsabilité de la conduite du Lieutenant-Gouverneur, la province ayant par son vote ratifié cet acte, cela mettait fin à cette question. En outre, il y avait un doute sérieux dans l’interprétation de l’Acte de l’Amérique Britannique du Nord : la destitution, si elle devait avoir lieu, était-elle du ressort du Gouverneur seul ? C’était la première fois qu’une question semblable se présentait, et, comme elle était de nature à affecter sérieusement pour l’avenir les relations entre les gouvernements d’Ottawa et des provinces, le Marquis ne voulait pas procéder à la légère. Il résolut de soumettre toute l’affaire au gouvernement impérial.

Ceux qui réclamaient la destitution de M. Letellier s’imaginaient que le Marquis de Lorne prenait cette voie à l’encontre du vœu de ses aviseurs. De là de violentes attaques à son adresse. La Minerve alla jusqu’à dire « que le jeune homme de Rideau-Hall ne valait pas mieux que le forban de Spencer-Wood. » Mais, un peu plus tard, il fut connu qu’il en avait agi ainsi à la suggestion de ses ministres.

Sir Hector Langevin et M. Joly se rendirent tous deux en Angleterre, le premier pour insister sur la démission du Lieutenant-Gou-