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est plus mauvaise que celle de Montréal, c’est parceque nous avons des dépenses indispensables relativement beaucoup plus fortes que celles de cette ville ; que nous devons chercher, non pas tant à mieux administrer nos revenus, qu’à les augmenter ; que le moyen de les augmenter sans fatiguer les contribuables, c’est d’étendre les limites de la ville et de mieux répartir les taxes ; que pour répartir celles-ci plus équitablement qu’aujourd’hui, il faudrait les baser sur le revenu des contribuables.

Travaillons donc pour obtenir ces réformes, au lieu de passer notre temps à des plaintes stériles, à un dénigrement systématique de nos institutions municipales. Je comprends ces plaintes et ce dénigrement, de la part de ceux qui regrettent de ne pouvoir nous exploiter mieux qu’ils ne le font aujourd’hui, qui voudraient pouvoir arranger à nos dépens, dans le huis-clos d’une commission, leurs petites affaires auxquelles le grand jour de la discussion publique au conseil est trop incommode. Mais, ce que je ne puis m’expliquer, c’est que nous nous laissions berner et duper par eux, jusqu’à consentir à nous faire les instruments des desseins qu’ils méditent contre nous, jusqu’à nous bander les yeux, jusqu’à demander, nous, sujets britanniques, habitués à la liberté, qu’on nous mette en servitude ; et cela, dans un moment où, non seulement la France, l’Espagne et l’Autriche, mais la Russie et la Turquie elles-mêmes, aspirent au self-government.

Cessons donc de donner un pareil spectacle à toute l’Amérique. Travaillons plus, critiquons moins, surveillons davantage, et nous verrons que la lumière vaut mieux que les ténèbres, la liberté que l’esclavage. Nous nous apercevrons bientôt que notre système municipal actuel, sans compter qu’il fait plus d’honneur à notre intelligence, aux yeux des étrangers, vaut mieux que toutes les commissions du monde.


Décembre, 1868.


FIN.