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est partiellement d’accord avec lui, dans la dissertation déjà mentionnée Kant’s mathematisches Vorurtheil, Sitzungsberichte der Wiener Akademie, philosophisch-historische Klasse. Band 67 (1871), p. 24-28. — J.-B. Meyer, Kant’s Psychologie, p. 129 et suiv., a très bien dépeint la découverte de l’élément apriorique dans la voie de la réflexion persévérante. Voir aussi Cohen, Kant’s Theorie der Erfahrung, p. 105-107. — Cohen blâme (ibid.) la thèse de J.-B. Meyer : « Kant n’a pas énoncé clairement que nous n’acquérons point par l’expérience les formes aprioriques, mais que nous arrivons à la conscience de cette possession à l’aide de la réflexion sur l’expérience. » Sous cette forme, il est vrai, le reproche adressé à Kant paraît injuste ; en revanche, il faut affirmer que Kant n’a pas examiné suffisamment, puisqu’il n’a pas vu que la réflexion sur l’expérience est aussi un procédé inductif et ne saurait être autre chose. Assurément la généralité et la nécessité des propositions mathématiques ne proviennent pas de l’expérience (en fait d’objets mathématiques), mais sont découvertes par la réflexion. Or cette réflexion ne peut avoir lieu sans expérience, non sur les objets de la mathématique, mais sur la mathématique considérée comme objet. Il suit de là qu’il est insoutenable de prétendre à la certitude de la découverte complète de tout élément a priori ; et Kant élève cette prétention en s’appuyant non sur une déduction apriorique de l’a priori, mais sur une classification, prétendue inattaquable, des données de la logique et de la psychologie.

23 [page 35]. La plus grande partie de toutes les obscurités de la Critique de la raison pure découle de ce fait unique que Kant entreprend, sans aucune présupposition psychologique spéciale, une recherche psychologique au fond. La terminologie, qui paraît souvent au commençant inutilement laborieuse, provient toujours de ce que Kant entreprend sa recherche sur les conditions nécessaires à toute expérience d’une façon tellement générale qu’elle s’adapte avec une égale justesse à toutes les hypothèses quelconques sur l’essence transcendante de l’âme, ou, pour mieux dire, qu’elle traite de fonctions de l’homme connaissant (non de l’ « âme »), sans rien présupposer sur l’essence de l’âme, bien plus, sans même admettre en général une âme comme essence particulière, distincte du corps.

24 [page 35]. Dans la préface de sa première édition (1781), Kant dit : « Maintenant en ce qui concerne la certitude, j’ai prononcé moi-même mon arrêt : dans cette espèce de considérations il n’est nullement permis de penser, et tout ce qui y ressemble le moins du monde à une hypothèse est marchandise prohibée, laquelle ne peut être vendue, même au plus bas prix, mais doit être confisquée aussitôt qu’on la découvre. Cela s’entend de soi pour toute connaissance qui