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démontrera cette connexion, et démêlera les lois de cette sorte d’isomorphisme ?

Cette prédominance de la forme dans la foi se décèle aussi dans un fait remarquable les croyants de religions différentes, hostiles même les unes aux autres, s’accordent mieux entre eux, témoignent plus de sympathie à leurs adversaires les plus fougueux qu’à ceux qui se montrent indifférents aux controverses religieuses. Mais le phénomène le plus original, offert par le formalisme religieux, se trouve dans la philosophie de la religion, telle qu’elle s’est constituée en Allemagne, notamment depuis Kant. Cette philosophie est une traduction formelle des doctrines religieuses en doctrines métaphysiques. Un homme aussi éloigné de la foi du charbonnier, aussi ennemi des traditions non historiques et des impossibilités physiques, que purent jamais l’être les matérialistes, Schleiermacher, produisit un véritable courant de rénovation religieuse, en mettant en relief le contenu éthique et idéal de la religion. Le puissant Fichte annonça l’aurore d’une ère nouvelle par la diffusion de l’Esprit-Saint sur toute chair. L’Esprit, que le Nouveau Testament prédit devoir conduire les disciples du Christ à toute vérité, n’est autre que l’esprit de la science, qui s’est manifesté de nos jours. Il nous enseigne, dans une connaissance non voilée, l’unité absolue de l’existence humaine et de l’existence divine, qui fut, pour la première fois, en parabole, annoncée au monde par le Christ. La révélation du royaume de Dieu est l’essence du christianisme, et ce royaume est celui de la liberté conquise par la fusion de notre volonté avec celle de Dieu, — mort et résurrection. Toutes les doctrines relatives à la résurrection des morts, dans le sens physique du mot, sont des interprétations erronées de la doctrine du royaume des cieux, qui est en réalité le principe d’une nouvelle conception de l’univers. Fichte prétendait très-sérieusement transformer le genre humain en opposant l’humanité elle-même, dans sa perfec-